Connaissance et maîtrise technique
La qualité du
soin est intimement liée à une bonne connaissance
générale, du patient, et de sa pathologie, ainsi qu’à la maîtrise
technique du geste. Cette bonne exécution revêt certaines nécessités,
dont le maître mot pourrait être : organisation.
Organiser
les soins, c’est les planifier, c’est regrouper certains soins
pour éviter de déranger bébé trop souvent, sans risquer de le fatiguer,
ou les répartir sur la journée afin de lui ménager des périodes de
récupération. Organiser les soins, c’est coordonner, les équipes
médicales et paramédicales ou tout autre intervenant dans ses
soins. Cette organisation est souvent difficile à obtenir, tant nous
sommes tous diversement très occupés. Il appartient aux soignants de
faire de leur mieux pour le plus grand bien de bébé.
L’organisation
les soins, c’est la préparation matérielle. Une bonne préparation
évite par exemple, les allées et venues néfastes à la rapidité,
à la propreté, au confort, aux bonnes conditions d’exécution du
soin. De plus bébé n’aime pas du tout être " lâché – repris " en
permanence, cela l’empêche de trouver ses repères dans le soin et
la relation, et perturbe ses phases de sommeil. Une bonne
préparation est un gain de temps et un anti stress appréciable
pour le soignant tout aussi bien que pour le patient, moins
longtemps exposé à l’agression que représente un geste, ainsi
effectué de suite, dans une ambiance plus sereine. Qu’y a-t-il
de plus énervant, et déconcentrant, que de toujours courir à la
recherche de quelque chose ou de quelqu’un ?
" L’installation
ciblée " est une nuance de la préparation. C’est l’installation
des circonstances d’exécution du soin. Par exemple, langer un bébé
facilite la pose d’une sonde gastrique, en évitant de se trouver
gêner par de malencontreux gestes réflexes.
Est-il nécessaire
d’insister sur la minutie, la précision des gestes surtout
traumatiques, sur l’observation très strictes des précautions d’
hygiène ?
Ces préoccupations
techniques dans l’exécution du soin, marquent déjà l’intérêt pour
le bien être et le confort de bébé dans nos soins. Nous pouvons essayer
d’aller plus loin, dans le respect dû à la personne soignée.
Respect du fonctionnement sensoriel de bébé,
Son aptitude innée,
à capter toutes vibrations ambiantes, lui confère une grande fragilité
dans son nouveau milieu. Il doit être préparé en douceur à ses nouvelles
conditions d’existences, par des précautions tant environnementales que
comportementales.
Nous devons nous
habituer à ‘’ penser ‘’ : " je suis bébé, un petit ‘’marsien ‘’ perdu,
au milieu de cet étrange endroit, de ces étranges personnes, que je
ressens comme moi mais que je ne comprends pas, et au milieu de toutes
ces étranges vibrations qu’il me semble reconnaître mais qui sont soudain
si insaisissables, tant elles sont maintenant intenses, nombreuses,
rapides, donc la plus par du temps, insoutenables et effrayantes ".
Soyons vigilants quant
au respect de sa personne par la concentration que nous mettons dans
tous ses soins, dans tous nos contacts. Bébé n’est pas un paquet
que l’on peut prendre et reposer à volonté, ou ouvrir sans attention, ou
une attention automatisée, l’esprit détourné sur d’autres personnes, ou
d’autres soucis.
Un soin, une relation
avec bébé ne s’interrompt pas ! ! ! Les adultes ne devraient
jamais " laisser tomber " bébé au milieu d’un soin ou d’une
relation, pour s’occuper d’autre chose, téléphone, collègues,
autres parents, ou médecins … du moins pas sans certaines précautions,
pas sans certaines explications, même et surtout en cas
d’urgence vraie !
Nous devons tout faire
pour éviter que le nouveau-né ait l’impression que la valeur de son
existence, et l’intérêt que nous portons à sa personne, sont subordonnés
à celui porté à d’autres personnes, ou aux circonstances.
Le soignant, toujours
tellement sollicité pour tout et n’importe quoi, à tout moment de son
activité, doit désormais oser s’imposer dans son rôle premier, de
soignant respectueux de son patient quelque soit son âge, et dans la
compréhension de jour en jour affinée, des besoins spécifiques de la
personne soignée, il doit oser concevoir un rôle formateur qui sache
dépasser les limites du cercle de ses " futurs collègues ".
En toutes circonstances,
il faut penser à ses yeux, ses oreilles, sa peau, extrêmement prompts
à lui transmettre toute chose se produisant autour de lui, tout état
d’esprit des personnes de son environnement. Il faut penser aux
lumières ou aux réverbérations toujours trop vives, aux bruits stressants,
aux ambiances parfois bien agitées, très excitées, qui perturbent bébé
par la grande dispersion qu’elles génèrent.
Même l’urgence
peut être conçue dans une certaine sérénité, qui permet à chacun
d’être intimement rassemblé autour du problème de bébé, et non
pas autour de notre propre (mauvais) stress ! Pas de lumières vives,
douloureuses, directement dans les yeux, attention aux bruits, surtout
celui de nos paroles, de nos pensées, attention à nos gestes, qui
doivent garder une douceur dans leur fermeté, marquer un temps
rapide " de prise de contact ", malgré la nécessité d’agir, et surtout,
surtout, prenons le temps, après, de parler de ce que, ensemble
nous avons vécu !
Trop souvent,
les bébés sont " abandonnés " là, au milieu de " leur carrée ",
sous prétexte de les laisser tranquillement se reposer, récupérer !
Dans quel état peuvent-ils être, conscients d’avoir échappé à la
mort ? Mais au fait, notre attitude ne peut-elle pas, plus souvent
qu’on ne le croit, leur donner à penser qu’ils sont en danger de mort
alors qu’il n’en est rien ?
IL s’agit enfin
de considérer son fonctionnement dans ses attachements existentiels,
en intégrant ses parents dans le maximum des soins sont dispensés au
bébé, ou en leurs expliquant simplement mais assez précisément,
les gestes techniques qu’ils ne pourront pas prendre en charge.
Peut être aussi en commentant ce que nous avons cru percevoir de
ses émotions, de ses réactions pendant le soins. Cela n’inclus
pas forcément leur présence en toutes circonstances, mais il faut
toujours parler ouvertement avec eux (tous).
Respect de l'installation des rythmes, indispensables à sa croissance.
Le sommeil
Il est bien connu désormais, que le sommeil prépare le corps à
la nutrition, il est nécessaire à la croissance et à la
maturation du système nerveux, quant aux hormones de croissance, elles
sont aussi sécrétées pendant que bébé dort
(Dr. Bouzet ).
Il faut respecter ces périodes de sommeil dans l'exécution
des soins .Respecter le sommeil de bébé, n'est pas forcément faire
un silence absolu, une immobilité totale, qui pourrait devenir stressante.
L'univers d'où il vient n'était que mouvances et borborygmes !
Soyons seulement conscient qu'il peut ne pas être disponible aux mêmes
moments que nous. Certains gestes, un repositionnement, la mise au bras des
parents, un peau à peau, un change de couches, et même parfois
une injection, peuvent être faits en douceur pour conserver un certain
état de somnolence, " semi - vigilante ".
Si bébé est correctement '' manipulé '', et averti qu'il
n'est pas obligé de se réveillé mais qu'il doit avoir conscience
que nous sommes avec lui, en train de lui faire un soin, dans la plupart des
cas, nous aurons droit à un soulèvement de paupière, un
bâillement, un étirement, ou même un froncement de sourcil, qui donne à penser que il se recadre
dans un contexte " sécurité ".
Par contre, il se trouve fort dérangé par les sollicitations trop
vives ou qui exigent sa participation ! Le non respect de sa disponibilité,
trop souvent réitéré, peut aboutir à une sur - stimulation,
nocive pour son développement.
Si nous avons vraiment besoin de son attention, il sera bon de respecter un
" rituel " d'éveil, pour lui permettre de se rassembler d'abord
dans cette nouvelle situation active, de voir ce qui lui est demandé,
et de se mobiliser consciemment dans sa participation à la réponse.
L'éveil
Bien à l'abri dans l'utérus bébé est plus, un passif,
laissant faire la nature, surtout pendant la journée, où la plupart
du temps, il se laisse bercer par les mouvements de sa mère, elle, en
phase d'activité. C'est la nuit, que bébé trouve l'occasion
de bouger plus volontairement, et de tester l'évolution de son développement.
Ce doit être à cette période que se réfèrent
les professionnels qui tentent d'expliquer certains pleurs des bébés
la nuit, alors qu'ils passent leurs journées à dormir profondément.
Ils confondent le jour et la nuit, parce qu'ils sont encore dans leurs rythmes
ftaux.
Notons que les pleurs qui éveillent bébé, peuvent avoir
bien d'autres origines. En dehors d'un inconfort par exemple, digestif, ou d'un
problème de santé plus urgent, ils peuvent être provoqués
par ''des angoisses nocturnes ''. Par exemples, se réveillant dans le
grand noir et le grand silence, bébé se sent perdu, désorienté,
entre deux mondes !
Ses périodes d'éveil permettent dans un premier temps, un bilan
des acquisitions, dans un second temps, une captation de nouveaux stimulis,
qui seront intégrés, pendant la prochaine phase de sommeil. Notons
la participation de plus en plus active de bébé dans ces phases
d'éveil, au fur et à mesure de sa croissance, et ce, dés
la période de fin de grossesse.
Les préparations à l'accouchement deviennent de plus en plus
performantes grâce à la connaissance de ce '' potentiel d'éveil
'', à l'exclusion de tous désir d'ingérences imbéciles
dans l'évolution naturelles des choses. Restons indulgents, certaines
de ces tentatives ont pu aider à mieux considérer l'ampleur du
potentiel ftal. Le problème réside surtout dans l'utilisation
plus ou moins intelligente que l'être humain fait de ses découvertes.
Nous aussi, profitons de ce temps d'éveil, pour communiquer avec bébé,
pour l'aider à s'installer parmi nous. Mais sachons aussi lui ménager
quelques instants de " solitude éveillée ", laissons
le apprendre à se raconter ses petites histoires, peut-être SA
" petite- grande histoire " qui commence.
Respect et stimulation de son developpement psychomoteur
Ce sont les moments d'activités ménager dans ces phases d'éveil,
où notre manipulation peut devenir un exercice d'entraînement pour
le bébé, une incitation à devenir participant dans le soin.
Par exemple, un retournement sur la gauche peu se faire en attirant doucement
la jambe droite de l'autre coté, le corps entier bascule sur la gauche,
et bébé se retrouve en position abdominal. Ce style de manipulations
effectuées en douceur bien sûr, et au bon moment du développement,
peut aider bébé à prendre conscience de son corps dans
l'espace. Ce genre de comportement nécessite beaucoup d'expérience,
ou de très bonne connaissance en psychomotricité.
Dans un registre plus à la portée de tous les soignants, quelques
instants de verticalisation,
consacrés à son écoute autre que " médicale
", à la communication, la relation, et surtout pas de celle qui
peut être interrompue sans problème, pour s'occuper de quelqu'un,
ou de quelque chose d'autre plus digne d'intérêts (?), sont toujours
les bien venus, appréciés, et bien plus stimulants qu'ils ne paraissent.
Respect de son intimité
Bébé doit avoir la possibilité, seul dans sa chambre,
d'intégrer tous ces nouveaux stimulus, sans être parasité
par des pensées d'inconnus, qui s'émerveillent si bien devant
un bébé qui dort en vitrine. Les pas méchants, qui prennent
si innocemment le couloir de circulation périphérique dit : "
galerie de visite ", pour un parcours touristique, comme le zoo !
Les si bien intentionnés qui s'arrêtent justement devant le plus
petit d'entre eux, le plus tuyauté, le plus particulier.
" VU À LA TÉLÉ ! ! !"
N'oublions pas
l'aptitude des bébés à savoir tout de nos états
d'âme, avant même que nous rentrions dans leurs chambres. Aucune
vitre ne pourra empêcher bébé de capter les vibrations des
pensées, qui s'impriment sur les visages figés, éberlués,
des curieux aux regards " disséquant ". Les qui n'ont pas la
délicatesse de comprendre que n'écouter que leur propre plaisir,
au fond toujours un peu voyeuriste, et observer bébé seul,
avec ses parents, ou avec les soignants, peut être une véritable
violation des droits à la relation et à l'intimité, dus
à tout être humain.
Combien d'entre nous irait bousculer les ambulanciers pour scruter un adulte
sur un brancard, ouvrirait toutes les portes de chambres pour admirer la jolie
personne qui essaie de se reposer. Combien d'entre nous répondrait aux
questions d'un étranger sur un de ses patients adulte ? Les soignants
des services adultes, ne font-ils pas sortir toutes les visites avant de faire
un soin ? Je parle ici, bien entendu, des visites autres que celles des parents et de
la fratrie.
Ne serait-il pas
temps d’instaurer un règlement. Nous sommes passé du rien, au n’importe
quoi. Je n’oublierai jamais mon malaise quand étant élève, je fus
surprise en plein câlin par une maman qui depuis la naissance de sa fille,
quelques semaines auparavant, ne l’avait jamais tenue dans ses
bras ! C’était la règle à l’époque, Les parents ne rentraient
pas dans les salles plus généralement " communes ".
De nos jours, les vitrages,
installés pour faciliter la surveillance, et surtout, la galerie de visites,
mal comprise, parce que non réglementée, parce que pas toujours expliquée,
favorisent toutes ces indiscrétions et peuvent représenter une entrave
à la tranquillité de bébé, ne serait-ce que par le stress plus ou moins
avoué qu’il occasionne chez les parents et les soignants.
Les mamans expriment de plus
en plus souvent un malaise, face aux regards des autres, mais aussi et surtout
que elles, fatiguées, ne puissent être avec leurs bébés, alors qu’il
est exposé à la vue de n’importe qui ! Sacré coup donné à leurs instincts
de " soins maternels primaires ", qui les poussent à assurer la protection
infaillible de leurs enfants. Les pères n’apprécient pas plus ce manque
d’intimité et de délicatesse.
Respect de la constance, de la régularité dans les relations
Déjà tellement
sollicité, par la nouveauté de son arrivée sur terre, bébé trouvera
une plus grande stabilité dans la Limitation maximale du nombre
d’intervenants dans ses soins, surtout au niveau de ses " relais
maternants ". Nous remarquons ce même besoin chez les parents,
notamment, quand ayant changé de référent, ils continuent à
rechercher le contact avec le premier soignant, généralement
celui ayant assuré l’accueil de leur bébé.
La constance des comportements,
des manières de faire, d’être présent, est non seulement salutaire à
l’indispensable sentiment de sécurité de bébé, à son besoin " d’ancrage ",
mais il favorise aussi l’entrée dans la relation, par une mise
en place plus rapide de ses repères.
La relation d’emblée
plus intense, plus satisfaisante, valorisante pour chacun des partenaires,
est bénéfique et plus efficace sur le plan santé et développement.
Elle peut même être
plus facilement " écourtée " sans dommage en cas de vraies nécessités.
Cette reconnaissance
confiante et sécurisante plus vite instaurée, autorise une réduction du
temps consacré aux rituels, donc un gain de temps (pour les
chronomaniaques), sans dépréciation de la qualité ou de l’intensité de
la relation.
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