Bébé est à considérer comme une personne, certes,
mais il est aussi l'élément, momentanément isolé,
d'un ensemble " affectivo- historico- familial ",
qu'il convient de respecter.
BESOIN DE RECONNAISSANCE AU SIEN DE L'UNITE FAMILIALE
Sans
abonder dans le sens du Docteur Donald Winnicott, qui affirme " le
bébé n'est rien sans sa mère " (phrase trop souvent
citée hors contexte), il faut bien reconnaître, que pour quelques
mois encore, jusqu'à ce qu'il puisse s'individualiser, ce bébé
continuera, à tout percevoir, de sa mère, et au travers de sa
mère, et à traduire dans son corps, dans son fonctionnement, dans
son comportement, la qualité de leur relation. De la qualité de
cette relation, découlera la qualité de sa compréhension,
de son adaptation à ce nouveau monde.
Pas de panique !
si la mère est sans aucun doute le pôle vital
de bébé, par leur symbiose passée, par leurs nouvelles
" communion particulière ", due au fait qu'elle continue à
assurer nourrissage et protection après la naissance, le père
, désormais, de plus en plus présent pendant la grossesse, a lui
aussi une interaction directe, grâce à la qualité de la
relation intime qu'il entretient avec son enfant.
Mis
à part des héritages " génétiques, générationnels
ou familiaux ", bien des choses influent sur l'évolution de bébé,
mais la plupart, seront vécues par bébé, au travers de
ses parents, dans la mesure où se sont eux qui assurent les besoins vitaux.
C'est pourquoi il est indispensable, surtout dans les circonstances particulièrement
bouleversantes d'un accouchement prématuré, ou d'une hospitalisation
dès la naissance, de toujours considérer " chacun des individus,
au sein de l'ensemble ".
ACCOMPAGNEMENT DU LIEN COTE PARENTS
LA FEMME FACE À LA NAISSANCE
Combien
de femme savent vraiment à quoi elles s’engagent en acceptant la responsabilité
de donner la vie à un petit être humain? Les adaptations physiques et physiologiques ne
sont rien, en regard des bouleversements psychiques, que ces futures mères, vont devoir
affronter.
Elles
qui souvent, au fond d’elles-mêmes, ne sont encore que les filles de leurs propre
mères, les voilà investies de la lourde tâche de transmettre, non seulement la vie mais
aussi son lot émotionnel d’histoires personnelles et générationnelles.
Les
femmes sont généralement déstabilisées, mais le plus souvent elles font face
en s’oubliant pour assurer la sauvegarde du bébé. Cependant, on imagine facilement
les conséquences possibles d’une naissance inopinée sur leurs personnalités fragilisées,
tout en se gardant bien de les " étiqueter " systématiquement. Elles doivent être
écoutées pour elles, pas pour figurer dans une de nos classifications " psycho – thérapeutiques ".
L'HOMME FACE A LA NAISSANCE
Les pères
s’investissent de plus en plus dans les soins du nouveau-né,
et même dans la grossesse. Mais, en cas de fin de grossesse " extra-utérine ",
ils se trouvent précipités dans une fonction paternelle qu’il n’avait sans
doute jamais envisagée !
Soudainement
investis d’un rôle primordiale d’intermédiaire entre le bébé
et la mère, assaillis par toutes les informations qu’ils doivent " ingérer ",
impressionnés, apeurés même, par l’aspect et l’état de santé de leurs bébés,
ils mettent leurs propres sentiments de côté, pour préserver l’unité familiale,
soutenir leurs femmes, et assurer une présence parentale auprès du bébé.
Désormais,
il convient de considérer la psychologie de papa avec sérieux.
De nombreuses études prouvent l’importance de son rôle dans l’équilibre de
la personnalité des enfants. De toute façon, lui aussi à reçu un héritage
familiale, lui aussi à été un fœtus porté par sa mère. IL est évident qu’il
ne pourra traverser de tels évènements sans réminiscences, plus ou moins bien
supportables.
LE COUPLE FACE A LA NAISSANCE
L’image
de l’enfant existe très tôt dans l’imaginaire de la femme,
elle est réactivée par la grossesse. L’image de l’enfant est peut-être
moins précise chez le père, ce qui est sûr, c’est qu’un enfant imaginaire
existe déjà au sein du couple.
Une hospitalisation
à la naissance, empêche que se créent des liens
de reconnaissance des premiers instants, entre les parents et leur bébé,
à peine entrevu, qui ressemble généralement si peu à celui qu’ils avaient
imaginé, et pour la survie duquel ils tremblent déjà.
LES FRERES ET SURS FACE A LA NAISSANCE
Le comportement
des aînés face à l ‘attente, et l’arrivée de bébé
dans la famille, dépendant de bien des facteurs, et fait l’objet de
nombreuses études.
On peut pensé,
que ce qu’ils espèrent le plus, c’est le retour de leur
mère à la maison, pour reconquérir rapidement son attention.
Ce qui est remarquable,
c’est l’intérêt que bébé montre très tôt pour
ses aînés, et la mystérieuse facilité de communication dont ils font souvent
preuve entre eux.
LE SOIGNANT FACE AUX PARENTS
Respecter
" l'individu bébé ", c'est aussi voir
la puissance du lien qui l'intègre à un ensemble vital, celui
qu'il forme avec ses parents. Nous devons donc considérer la situation
de chacun, et accompagner chacun selon ses besoins.
Les parents
ont besoin d'être rassurés quant à la prise
en charge de leur bébé, son installation, la surveillance continue,
même la nuit, les premières " investigations "
.
L'attitude
des soignants, quelques renseignements de base sur le lieu de prise
en charge, son accessibilité à tout instant, le numéro
de téléphone où appeler 24h /24h
, les remettront
en confiance.
La constance
du lien peut être signifiée, en dehors du relais
paternel, par la première photo, symbolique présence de
leur bébé auprès de sa mère, le temps de son immobilisation
en maternité, par le lait maternel, qui malgré la séparation,
sera redistribué à son bébé, ou par la possibilité
d'une chambre mère /parents / enfant
.
Bien cadrés dans
l'organisation du service, ils pourront apprendre à gérer
seuls certains protocoles comme l'entrée dans la chambre de bébé,
certains soins comme la toilette, les changes, le prendre dans les bras, bien
emmitouflé, ou bien encore, s'installer pour les mises au sein, un biberon,
un " peau à peau ", ou un petit " massage " et même,
s'appuyant sur le règlement du service, gérer les visites de la
fratrie, de la famille, ou des amis, pour le plus grand bien de bébé,
de leur intimité avec lui, et de leur propre besoin indéniable
de présence " aidante " à leurs côtés,
en dehors du milieu médical bien sûr.
Ainsi bien accompagnés,
eux même acteurs dans la prise en charge
de leur bébé, ils sauront peu à peu reconnaître les
progrès, la relation possible avec leur si petit enfant, l'importance
qu'ils ont pour lui, reconnaître le mérite du bébé,
et leurs propre mérites, pour arriver à dépasser une bien
difficile situation, qui semble si souvent vouloir s'éterniser.
Veillons
cependant à ce que ces apprentissages se fassent le plus naturellement
possible. L'équipe soignante doit respecter le " baby blues "
des parents, favoriser, parfois stimuler, sans rien brusquer, par exemple, instaurer
" un peau à peau " alors que le parent concerné n'est
pas encore prêt à assurer cette reconnaissance, pourrait compromettre
gravement l'investissement du parent, et la confiance en l'équipe.
S'il n'est pas bon
de ne considérer bébé qu'au travers
de ses parents, l'inverse est tout aussi inacceptable. En effet, ne considérer
les parents qu'au travers de bébé peut amener une " dés-
identification ", pas toujours bien vécu. IL est bon de les considérer
eux aussi comme les individus qu'ils sont, à part entière.
ACCOMPAGNEMENT COTE NOUVEAU-NE
Accompagner bébé dans son lien
parental, c’est assurer notre fonction de " présence maternante relais", dans
la conscience de l’appartenance de cet individu à une unité familiale.
S’il est important de montrer au
bébé sa valeur personnelle pour nous, dans nos pensées, nos paroles, et nos
gestes, il est tout aussi important de lui confirmer la valeur qu’il a pour ses
parents, ne serait-ce que pour rééquilibrer les sentiments d’amour, mêlés de peurs
et d’angoisses qui pourraient être mal intégrés.
Chaque instant partagé avec bébé,
DOIT INCLURE LA PRESENCE DE SA MERE, LA PRESENCE DE SON PERE,
voire même celle des frères et surs.
Chaque instant partagé entre bébé et le soignant, peut
être repris avec ses parents,
Bien sûr en dehors de toute attitude " égocentrique "
du soignant.
Mais surtout,
chaque instant partagé entre les parents et le soignant,
DOIT INCLURE LA PRESENCE DE BEBE !
La personne de
bébé doit être respectée AUSSI au
sein du groupe familial,
Par exemple en lui donnant un temps de " parole " dans la conversation
" des grands ",
en s'adressant à lui pour parler de lui.
Si, pour pouvoir mieux répondre
aux besoins fondamentaux de bébé, le soignant doit oublier le vieux cliché " bébé,
danger ! propriété privée parentale ", il se fera un devoir de toujours considérer
l’appartenance du nouveau-né à son groupe familial proche comme l’un de ses besoins
fondamentaux.
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